Tout le monde sait ce que c’est qu’une taille, mais globalement, voici tout de même quelques précisions pour repartir de la base et mieux “cerner le problème”.
Une taille est le résultat d’une compilation statistique poussée et réfléchie issues de mesures du corps (on appelle ça des données anthropométriques, oh yeah !). Ces mesures ont généralement été récoltées lors de campagnes de mensurations sur un échantillon de population. Donc déjà : qui dit échantillonnage et étude statistique dit… lissages, modélisations, tendances globales … et donc…forcément, on perd des infos puisque le but est de trouver ce qui peut être le plus représentatif (je vous épargne les détails concernant les différents indicateurs statistiques possibles permettant de réfléter la notion de représentativité –> à notre niveau, on va rester sur le calcul de “moyennes”). NB : même si, à titre personnel, vous avez fait partie de l’échantillon mesuré lors de cette campagne, vous n’êtes finalement qu’un “point du nuage”, mais pas forcément celui qui le représente le mieux. Donc vous ne serez même pas sûre d’être exhaucée en matière de taille de vêtement. Cela-dit, malgré ce côté “nébuleux”, ces techniques statistiques puissantes sont nécessaires pour faciliter l’utilisation de ces résultats au niveau de la conception des vêtements, afin de générer des règles de mensurations exploitables par les modélistes (pour fabriquer en série des vêtements qui conviennent “au plus grand nombre”).
Une fois les données anthropométriques recueillies, la mise en place des standards implique également le choix de “silhouettes-types”, les plus représentatives possibles elles-aussi (en fonction de … –> ça dépend, ce sont encore une fois les statistiques qui donnent des pistes), définissant, entre autre, et pour chaque taille, des trios de mensurations Poitrine/Taille/Bassin (P/T/B). Ces “silhouettes-type” peuvent refléter plusieurs sortes de conformations du corps (taille plus ou moins marquée, morpho athlétiques avec buste large et bassin étroit…). Donc généralement, en fonction de sa cible-clients, une marque doit faire ce choix de “silhouette-type” avant de décliner ses tailles. La résultante de ce choix et des trios de mensurations P/T/B qui en découlent (ainsi que toutes les mesures détaillées du reste du corps) constitue donc le barème de tailles (ou nomenclature de tailles), qui servira de “règle de base” pour construire et grader les patrons.
Historiquement en France, la taille commerciale type 36-38-40 etc… correspond (théoriquement) à une petite formule mathématique assez simple impliquant les tours de poitrine et tours de taille retenus dans ces barèmes. Chez la femme :
Taille commerciale = [(1/2 x tour de taille) + (1/2 x tour de poitrine)] /2
Les nombre obtenu est sensé être arrondi à l’entier pair le plus proche (ex : pour un barème retenant un tour de poitrine à 90 cm pour un tour de taille à 68 cm –> calcul=39,5 –> ce qui correspondrait à la taille 40).
Nous pensons solutionner nos petits problèmes grâce à cette formule théorique ? … Et bien en fait, non, pas vraiment. Cette formule de calcul n’est pas toujours respectée, ce serait trop simple :-)
De plus, avec le marché international, on rencontre divers dénominations de tailles : 36-38-40…, 1-2-3…, S-M-L… On assimile intuitivement le 36 au S et à la T1, mais dans quelle mesure ? On ne sais pas bien.
2 photos ci-dessus issues de mon dressing : une robe en 36 // et un gilet en XS. Et je ne saurais absolument pas dire si les barèmes sous-jacents sont équivalents. Je peux juste dire que les 2 vêtements me vont à peu près, c’est imparfait, mais je m’en accommode.
Les tailles dans le prêt-à-porter : dans la vie courante, nous sommes imprégné(e)s par l’univers du prêt-à-porter, de la mode, des magasins, et du marketing des marques de fringues… L’univers commercial est donc le référentiel connu qui nous calibre et qui nous catégorise mentalement dans tel ou tel standard. Celui qui nous range malheureusement dans une case du style : toi, tu es dans la case du… 42. Pof ! Et c’est comme ça. Seulement, et je pense que vous vous en êtes rendu compte : 1/ notre morphologie ne se résume pas à une case, et 2/ toutes les étiquettes commerciales ne “taillent” pas pareil. Alors que vous rentrerez dans le 38 d’une marque, vous ne pourrez vous contenter que du 40 chez une autre marque. A noter que psychologiquement, il est plus flatteur pour l’égo de s’habiller en 38 qu’en 40 ! Ma fois, peut-être aurez-vous d’ailleurs un élan plus sympatique vers la marque qui vous en habille “en mince” ;-) … Marketing, be careful. Et oui… les barèmes de tailles, c’est aussi un vaaaaaaste sujet dans le monde du prêt-à-porter, où les marques font ce qu’elles veulent (et peuvent !) pour être présentes sur un marché international, et pour satisfaire leurs client(e)s. Les variations de tailles restent bien sûr dans des proportions raisonnables, mais les différences sont réelles. Tant et si bien que la “profession” essaie d’harmoniser les pratiques pour que tout le monde s’y retrouve et parle le même langage, il existe même des normes, des campagnes de mensurations, des propositions de “silhouettes-types” mais… mais que voulez-vous… c’est une affaire ultra-complexe que je ne préfère pas aborder ici (même si j’en connais un petit rayon, je ne maîtrise pas assez bien le sujet pour rentrer dans le détail, et savoir où l’harmonisation en est réellement aujourd’hui).
Autre phénomène et constat : les morphologies des français(es) (entre autres) ont naturellement évolué au cours du temps. Dans le sens du +, vous vous doutez bien. Pour des contraintes liées au marché et toujours pour satisfaire sa clientèle, chaque acteur du secteur du “prêt-à-porter” a du s’adapter en faisant évoluer ses barèmes. Conséquence : le 40 d’avant ne correspond plus tout à fait au 40 de maintenant (qui s’est globalement allongé et élargi)… . Donc vous voyez, dans l’univers commercial… c’est à aussi s’y perdre, d’autant que les marques ne communiquent pas toujours très bien sur leurs nomenclatures (mais ça existe, et c’est encourageant : voir photo ci-dessous, mais qui va réellement essayer de lire ce qui est écrit en tout petit sur la 4ème étiquette sur l’envers, surtout qu’on a juste envie d’un truc —> la couper tellement elle nous gratte !).
Rare : étiquetage (à la vue direct du consommateur – s’il cherche bien cela-dit !), avec mention du barème des mensurations
Donc finalement, la notion que l’on a de sa propre taille, même commerciale, peut être assez floue !
Pourtant, dans la pratique, avant de coudre, et intuitivement, on a vite-fait de foncer tête baissée selon ce référentiel commercial qui structure notre esprit… Erreur ! Même si l’on peut admettre qu’il existe des cohérences, il n’en existe pas moins des différences qui, parfois, peuvent dérouter.
Chaque marque ou livre propose des patrons construits, eux-aussi, selon un barème de tailles. Là encore, chaque marque a puisé ou a mis en place sa nomenclature comme elle le souhaite, avec sa “silhouette-type”, en fonction de ce qu’elle a estimé être le plus adapté, le plus représentatif, ou le plus en phase avec le marché (ou la concurrence, pour que le secteur des “patrons de couture” soit harmonieux et pour que les couturières s’y retrouvent encore à peu près). Chaque marque indique très clairement la nomenclature utilisée, afin que l’on puisse identifier la bonne taille à coudre. Une fois la règle fixée, généralement, la marque de patron s’y conforme pour l’ensemble de ses collections de patrons. Si une marque existe depuis plusieurs décennies (Burda, Vogue, etc..), les barèmes choisis restent pour la plupart “figés” dans le temps par soucis de cohérence. Par conséquence, pour ces mêmes marques qui constituent “le noyau dur” du royaume des patrons, ces barèmes n’ont pas évolué au cours du temps, comme ont pu le faire ceux du prêt-à-porter, pour se conformer à la “cible” ou à des évolutions morphologiques (d’autant qu’une refonte complète des barêmes impliquerait des coûts non négligeables liés à la modification des catalogues de patrons, qui, pour la plupart, sont gérés en stocks conséquents d’impressions “papier”).
Voir l’article rédigé par la marque de patrons Oliver + s , traitant d’un sujet fortement similaire concernant les tailles US.
Dans le domaine de la couture, il existe alors une sorte de “culture” des tailles, parfois différente de celle du prêt-à-porter. Cette culture est amenée à évoluer avec l’arrivée de nouvelles marques de patrons modernes, mais elle n’en reste pas moins “à part” dans l’ensemble. Ce qui ne constitue en rien un problème, vous allez comprendre plus loin.
Conclusion : avant de coudre, il est donc très fortement conseillé d’oublier notre expérience issue du prêt-à-porter (même si elle nous donne une indication, et même si parfois, on peut admettre que ça peut “fonctionner”), car elle peut nous induire en erreur.
Voici d’ailleurs ce qu’annonce la boutique Rascol (gros shop/mercerie en ligne proposant entre autres des patrons de couture de différentes marques) lorsqu’elle communique les barèmes de taille des patrons Vogue, Mc Calls, et Butterick :
“Pour de nombreuses personnes, il est difficile de trouver le bon ajustement parce qu’elles ne parviennent pas à rompre avec l’habitude des tailles prêt-à-porter. Acceptez donc que votre taille de patron diffère de votre taille dans le prêt-à-porter”
Malgré sa culture “à part”, il existe tout de même des variations de barèmes au sein-même de l’univers des patrons de couture. Quelles sont-elles ?
Introduction : LIRE
Taille – Définition : LIRE
Comparatif des barèmes : LIRE
Silhouette-type : LIRE
Tailles “Grains de Couture” : LIRE
Méthode de choix de la bonne taille : LIRE
Seyant parfait : LIRE